Prise en charge des femmes enceintes


Prise en charge pendant la grossesse, l’accouchement et la période post-partum

Temps de lecture 28 minutes

Guide périnatal d’Australie-Méridionale | Violences sexuelles dans l’enfance ET
Prise en charge pendant la grossesse, l’accouchement et la période post-partum

Note : Ce document est une traduction libre et adaptée du guide officiel de SA Health, publiée à titre informatif. La plupart des personnes enceintes et accouchantes s’identifiant comme femmes, les termes « femme, mère, femme enceinte » ont été utilisés dans tout le guide. Cependant, ces termes incluent également les personnes ne s’identifiant pas comme femmes ou mères ainsi que celles ayant une identité non binaire. Les professionnels de santé doivent demander à la personne enceinte le terme qu’elle préfère et s’assurer que l’équipe médicale en est informée.
Afin de faciliter la lecture, « femmes victimes de violences sexuelles dans l’enfance » est abrégé par « femmes VVSE », « violences sexuelles intrafamiliales » par « VSI » et « violences sexuelles dans l’enfance » par « VSE ».

Objectif et portée du guide  

Ce guide a pour objectif d’identifier et soutenir les femmes victimes de violences sexuelles dans l’enfance (VVSE) tout au long de la grossesse, de l’accouchement et de la période post-partum.

Résumé des recommandations pratiques

Les professionnels de santé doivent être attentifs aux VSE et à leurs répercussions possibles chez les femmes pendant la grossesse ou après l’accouchement.

Il est essentiel d’identifier les antécédents de violences sexuelles afin d’évaluer le bien-être physique et psychologique des femmes pendant la grossesse.

Le respect des principes de prise en charge respectueuse en maternité, associé à un suivi continu par la même personne favorise l’établissement d’une relation de confiance et de soutien entre les femmes et les professionnels de santé lorsqu’elles ont été victimes de violences sexuelles dans l’enfance.

Les femmes VVSE peuvent vivre un traumatisme important pendant la grossesse, l’accouchement et l’apprentissage de leur rôle de parent.

Les professionnels de santé doivent signaler au service de protection de l’enfance tout motif raisonnable de soupçonner qu’un enfant ou un adolescent est ou pourrait être exposé à un risque de maltraitance.

Sauf demande contraire de la mère, il est recommandé que les professionnels de santé accompagnent l’allaitement sans contact physique.

L’administration de cabergoline peut être envisagée chez les femmes ayant vécu des traumatismes importants et pour qui la mise en route de la lactation pourrait être source de détresse.

Les femmes VVSE devraient bénéficier d’un accompagnement. Avec leur consentement, il est important de les orienter vers les structures adaptées à leur situation afin d’assurer un suivi à long terme et favoriser une transition positive vers la parentalité.

Définitions

Trouble de Stress Post-Traumatique | Trouble pouvant survenir à la suite d’événements traumatisants. Il peut se manifester par des symptômes tels que la reviviscence de l’événement traumatique, l’évitement, des émotions et pensées négatives ainsi qu’une hypervigilance persistante.

P r i s e d e d é c i s i o n partagée | La prise de décision partagée repose sur une discussion et une collaboration entre la femme enceinte et les professionnels de santé. Elle vise à concilier les valeurs, les objectifs et les préférences de la femme enceinte avec les données les plus fiables concernant les bénéfices, les risques et les incertitudes liés au dépistage, aux examens et aux traitements. L’objectif est de prendre les décisions de santé les plus adaptées à la situation de chaque personne.

Soins centrés sur le trauma | Les soins centrés sur la personne reposent sur la prise en compte du fait que toutes les femmes enceintes, leurs proches et familles peuvent avoir été exposés à des traumatismes au cours de leur vie. Une approche centrée sur le trauma tient considère les vulnérabilités des survivants, vise à éviter toute retraumatisation involontaire et favorise la participation de la femme enceinte à ses soins et traitements.

Vaginisme | Trouble caractérisé par une pénétration vaginale douloureuse ou impossible.

Femme VVSE | Femme victime de violences sexuelles dans l’enfance.

VSE | Violences sexuelles dans l’enfance.

VSI | Violences sexuelles intrafamiliales.

Synthèse des connaissances

Cette définition issue du cadre australien peut différer des définitions légales en vigueur dans d’autres pays mais les principes comportementaux décrits sont universellement reconnus.

En Australie, les violences sexuelles commises sur les enfants se définissent comme :

« Tout acte exposant un enfant à des pratiques sexuelles qu’il ne peut comprendre ou qui vont à l’encontre des normes sociales admises. Les comportements abusifs peuvent inclure : les attouchements génitaux, la masturbation, le sexe oral, la pénétration vaginale ou anale (par un pénis, un doigt ou tout autre objet), les attouchements sur la poitrine, le voyeurisme, l’exhibitionnisme ainsi que le fait d’exposer un enfant à la pornographie ou de l’y impliquer. Cette définition inclut également la manipulation sexuelle (ou grooming), c’est-à-dire les actions délibérées visant à gagner la confiance d’un enfant et à créer un lien affectif afin d’abaisser ses défenses en vue d’un passage à l’acte sexuel. »

Chaque État et territoire australien possède sa propre définition légale. Toutefois, la législation de toutes les juridictions australiennes criminalise tout acte sexuel impliquant un enfant en dessous de l’âge légal du consentement.

En raison de la diversité des définitions juridiques, les chercheurs et les praticiens australiens s’appuient souvent sur des définitions comportementales, classant les violences en trois grandes catégories :

1.Violences sexuelles sans contact : menaces, harcèlement verbal à caractère sexuel, sollicitation sexuelle, exhibitionnisme, exposition d’un enfant à la pornographie.

2.Violences sexuelles avec contact incluant un rapport sexuel : agression sexuelle ou viol.

3.Violences sexuelles avec contact excluant le rapport sexuel : attouchements, caresses ou baisers inappropriés.

Les violences sexuelles commises sur les enfants peuvent être le fait d’un adulte ou d’un autre enfant (plus âgé ou présentant un développement physique, émotionnel ou psychologique supérieur) lorsqu’il existe une relation de responsabilité, de confiance ou de pouvoir. Dans ce contexte, elles visent à satisfaire les besoins de l’auteur.

Les violences sexuelles commises sur les enfants débutent souvent par des comportements non physiques qualifiés de grooming ou de manipulation sexuelle. Ces comportements peuvent être d’ordre psychologique, émotionnel ou coercitif. L’auteur cherche à instaurer progressivement une relation de confiance avec l’enfant afin d’en diminuer les résistances et de faciliter un passage à l’acte ultérieur. Une fois la confiance de l’enfant acquise, les violences deviennent souvent physiques. Elles peuvent se répéter sur une période prolongée (plusieurs semaines ou années) avec une intensité croissante ou se produire lors d’un seul épisode isolé.

Les survivantes de VSE peuvent traverser différentes émotions courantes qui risquent d’être réactivées pendant la grossesse, l’accouchement ou après la naissance. Parmi celles-ci :

• La honte

• L’humiliation

• L’impuissance

• La perte de contrôle

• Le sentiment d’être « abîmée » ou « brisée »

• La peur/la terreur

• La colère

• Le désespoir

Les violences sexuelles commises sur les enfants constituent un problème mondial, touchant environ 12 % d’entre eux. Ces chiffres sont toutefois beaucoup plus élevés chez les filles que chez les garçons, atteignant près de 18 %. En Australie, une femme sur six a vécu des violences physiques ou sexuelles avant l’âge de 15 ans. Ces violences entraînent

Souvent des conséquences physiques et psychologiques à long terme. Les professionnels de santé doivent en être conscients et connaître les répercussions possibles chez les femmes enceintes ou accouchantes. Une prise en charge respectueuse, fondée sur une communication ouverte et des soins individualisés, peut renforcer la relation entre la femme et le professionnel de santé, de manière à ce qu’elle se sente soutenue et en confiance tout au long de sa transition vers la maternité.  Même si la majorité des auteurs de violences sexuelles commises sur les enfants sont des hommes, il est important de reconnaître que des femmes peuvent également être impliquées, bien que plus rarement. C’est pourquoi il est important d’adopter une approche individualisée pour chaque femme.

Impact sur la grossesse, l’accouchement et la parentalité

La période périnatale peut être particulièrement stressante pour les femmes VVSE. Certaines sensations corporelles associées à ces violences peuvent rappeler celles ressenties lors de la grossesse, de l’accouchement ou des soins périnataux.

Les soins médicaux peuvent raviver des souvenirs de violences et, pour certaines femmes, la grossesse, l’accouchement et la transition vers la parentalité peuvent être des expériences profondément traumatisantes.

La plupart des femmes VVSE ne divulguent pas leurs antécédents et peuvent passer inaperçues auprès des professionnels de santé. Toutefois, les antécédents de VSE peuvent entraîner une détresse importante et durable. Les recherches montrent que ces femmes présentent des niveaux plus élevés de peur, de stress et d’anxiété ainsi qu’un risque accru de complications pendant la grossesse, notamment d’accouchement prématuré, par rapport aux femmes sans antécédents de VSE.

Violences sexuelles intrafamiliales (VSI)

Les VSI sont des violences qui se produisent au sein de la famille et impliquent généralement un enfant et un membre de la famille (parent, frère ou sœur) ou une personne proche (oncle, tante, cousin…). Comme elles sont commises par une personne connue et souvent en qui l’enfant a confiance, les VSI peuvent être particulièrement complexes et traumatisantes. Elles impliquent à la fois une trahison de la confiance et une atteinte aux liens familiaux. Ces violences sont souvent gardées secrètes en raison de la dynamique familiale, de la loyauté, de la peur ou de la pression visant à protéger la famille.

Les professionnels de santé doivent être conscients de l’impact des VSI sur les femmes. Ces violences se produisent souvent au sein du foyer et concernent des relations familiales complexes, l’implication de la famille pouvant limiter le soutien social dont disposent ces femmes et accroître leur détresse.

Soins de maternité respectueux

Une prise en charge respectueuse, appliquée à toutes les femmes, peut contribuer à réduire le traumatisme chez celles VVSE. Le suivi continu par le même professionnel favorise la confiance et aide la femme à se sentir à l’aise pour exprimer ses besoins. La prise en charge doit être individualisée, centrée sur la personne, respectueuse, bienveillante, flexible, sensible aux différences culturelles et informée des traumatismes tout en étant guidée par la femme elle- même.

Réponses médicales et obstétricales adaptées

Une prise en charge attentive tout au long de la grossesse et de l’accouchement peut limiter le risque de traumatisation supplémentaire chez les femmes ayant des antécédents de VSE. Tous les professionnels de santé doivent veiller à ce que la femme comprenne mieux son corps et conserve le contrôle de son bien-être physique. Bien que ces recommandations fassent partie des soins de routine, elles peuvent être particulièrement importantes pour les femmes VVSE :

• Utiliser un langage clair et bienveillant :

– Un langage inapproprié peut raviver des souvenirs de violences passées

– Employer des termes adultes et respectueux pour décrire les procédures

– Éviter tout langage infantilisant, en particulier les expressions dites « valorisantes » qui rabaissent ou traitent la femme enceinte comme une enfant

– Éviter les formulations susceptibles d’entretenir la honte ou la méfiance envers le corps, comme l’expression « absence de progression du travail »

– Proposer une interprète de sexe féminin si nécessaire.

• Éviter les approches autoritaires ou patriarcales, ainsi que toute attitude perçue comme agressive : cela pourrait aliéner la femme et la renvoyer à un état de vulnérabilité ou d’infantilisation.

• Obtenir le consentement de la femme avant tout contact personnel ou intime.

• S’assurer que la femme comprenne que toute intervention nécessite son consentement éclairé.

• Si la femme éprouve des flashbacks ou des épisodes de dissociation, lui laisser le temps nécessaire. Lorsque possible, l’encourager à reprendre le contact visuel et à se concentrer sur la voix du professionnel pour revenir au moment présent.

• Obtenir l’accord de la femme avant de prodiguer tout soin à son bébé.

• Respecter en permanence l’intimité de la femme.

Soins prénataux

Il est essentiel de dépister les antécédents de VSE chez les femmes enceintes afin d’évaluer leur bien-être physique et psychologique. La première consultation prénatale permet aux professionnels de santé de s’informer sur d’éventuels antécédents de VSE.

En Australie, le questionnaire ANRQ (Antenatal Risk Questionnaire / Questionnaire prénatal sur les facteurs de risque) est utilisé pour identifier les facteurs de risque psychosociaux chez les femmes pendant la grossesse. Il comporte une partie spécifique sur les violences sexuelles. Les réponses doivent être prises en compte dans le dépistage car de tels antécédents peuvent avoir un impact important sur le suivi médical et psychologique de la femme enceinte. Il est important de noter qu’une absence de réponse à cette question ne signifie pas nécessairement qu’aucune violence n’a eu lieu. Certaines femmes peuvent éprouver de la gêne à parler de leur vécu et choisir de rester silencieuses. À mesure qu’une relation de confiance se construit avec les professionnels de santé, la femme peut se sentir prête à révéler un passé de VSE. Les professionnels doivent rester attentifs et ouverts à ces échanges même si elle nie tout antécédent lors de la première consultation prénatale. Dans la mesure du possible, il est important que les femmes dont la langue principale n’est pas celle du pays puissent être suivies par une professionnelle de santé de sexe féminin.

Identification des femmes victimes de violences sexuelles dans l’enfance (VVSE)

Il est important que les professionnels de santé posent leurs questions avec tact. Voici quelques exemples de formulations appropriées :

• « Parfois, la grossesse et l’accouchement peuvent faire remonter des expériences difficiles de votre passé. Si cela arrive, vous pouvez m’en parler lorsque vous vous sentez prête ou en discuter avec votre médecin traitant. »

• « Parfois, des traumatismes vécus dans l’enfance peuvent refaire surface pendant la grossesse ou l’accouchement et cela peut provoquer des émotions difficiles. Si c’est le cas, n’hésitez pas à en parler avec une sage-femme, un conseiller ou votre médecin traitant. Cela nous aide aussi à mieux vous soutenir au mieux tout au long de votre grossesse et de votre accouchement. »

• « Si vous avez vécus des VSE, les changements physiques, émotionnels et psychologiques liés à la grossesse peuvent faire remonter des souvenirs douloureux. En parler avec votre médecin traitant ou votre sage-femme peut être utile. »

Les femmes VVSE peuvent éprouver une peur intense de l’accouchement. Des relations sensibles et basées sur la confiance avec les professionnels de la maternité leur offrent un espace pour explorer ces craintes. Un suivi continu par le même professionnel peut les aider à développer une relation de confiance.

Signes prénataux de violences sexuelles dans l’enfance (VSE)

Les différentes phases de la grossesse et les changements corporels qui y sont associés peuvent raviver des souvenirs de VSE. Les paroles et le contact physique des professionnels de santé peuvent également agir comme des déclencheurs.

Une combinaison des signes suivants doit alerter le professionnel de santé sur un possible antécédent de VSE. Il est important de garder à l’esprit que toutes les femmes VVSE ne présenteront pas forcément ces comportements et que certaines femmes n’ayant pas été victimes peuvent également les manifester :

• Absence aux rendez-vous

• Augmentation du stress, anxiété, symptômes dépressifs ou idées suicidaires

• Inquiétude ou refus des examens nécessitant un contact intime, par exemple :

– Palpation abdominale

– Examens vaginaux

– Examens mammaires

– Prise de sang

– Échographies

• Difficultés lors des examens vaginaux ou vaginisme

• Consommation de substances

• Peur de l’accouchement

• Peur ou inquiétudes concernant l’allaitement

• Inquiétudes liées à la parentalité.

Révélation de violences sexuelles dans l’enfance (VSE)

• Assurez-vous de reconnaître l’expérience de la femme et de faire preuve d’empathie.

– L’empathie consiste à écouter et à comprendre ses peurs et ses inquiétudes tout en

Respectant le fait que ses sentiments lui appartiennent et sont distincts des vôtres.

• Évaluer les ressources et soutiens dont elle dispose (personnels et professionnels).

• En concertation avec elle, déterminez la nécessité et l’urgence d’un accompagnement psychologique périnatal et/ou social.

– Si elle bénéficie déjà d’un accompagnement, collaborez avec eux pour l’accompagner tout au long de sa grossesse, de l’accouchement et de la période post-partum.

– Avec son consentement, prenez contact avec ces structures afin d’élaborer un plan de prise en charge commune.

• Adoptez un langage neutre et une posture bienveillante, sans jugement ni opinion, qui montre compréhension et empathie face aux effets traumatiques des violences.

• Échangez sur les effets possibles de la grossesse ou de l’accouchement et sur les moyens de collaborer pour limiter tout risque de traumatisation ou de reviviscence.

• Informez-la sur les structures de soutien adaptés (par ex. assistante sociale, maternité, psychiatre ou psychologue périnatal).

• Proposez et facilitez l’organisation d’un suivi permettant à la femme de bénéficier d’un professionnel référent en qui elle a confiance.

• Recherchez d’éventuels signes de trouble de stress post-traumatique (TSPT). Les symptômes peuvent inclure, sans s’y limiter :

– Flashbacks

– Réminiscences sensorielles envahissantes

– Pensées intrusives répétitives

– Cauchemars

– Activation physiologique (par ex. tension, sursauts, crispations)

• Avec son accord, orientez-la vers les services de soutien appropriés (par ex. assistante sociale, infirmière ou psychologue spécialisée en périnatalité ou psychiatre).

Remarque : le professionnel de santé n’a pas besoin de connaître les détails des violences sexuelles vécues pour pouvoir accompagner la personne.

Recommandations médicales prénatales

Tout contact physique pendant la grossesse peut être source de détresse pour les femmes VVSE. Il est possible de limiter tout traumatisme supplémentaire en maintenant une communication ouverte, en expliquant chaque geste, en écoutant les demandes de la femme et en respectant son refus concernant tout examen, intervention ou recommandation.

Selon les symptômes, les capacités d’adaptation et les souhaits de la femme enceinte, un accompagnement psychologique peut être nécessaire. Une évaluation et une prise en charge thérapeutique pendant la grossesse peuvent réduire significativement, voire prévenir, la réactivation du traumatisme lors de l’accouchement.

Assurez-vous que la femme enceinte dispose du temps nécessaire pour prendre ses décisions concernant son accompagnement. Informez-la à l’avance des soins prévus pendant la grossesse afin qu’elle puisse réfléchir à chaque étape avant chaque consultation. La peur de certaines procédures, comme l’examen vaginal, peut l’amener à éviter certains rendez-vous.

L’équipe médicale informe la femme enceinte du déroulement prévu de l’accouchement. Une fois qu’une relation de confiance est établie, les professionnels peuvent évoquer la possibilité qu’un soignant de sexe masculin intervienne, notamment en cas d’urgence obstétricale. La femme enceinte doit être rassurée : si elle préfère éviter tout contact avec un soignant de sexe masculin, le personnel fera son possible pour respecter ce choix.

Informez la femme enceinte qu’elle peut refuser un examen à tout moment et expliquez-lui clairement les principes du consentement éclairé ainsi que la manière dont il sera respecté tout au long sa grossesse, l’accouchement et la période post-partum.

Examens vaginaux et échographies endovaginales

Les examens vaginaux et les échographies endovaginales peuvent raviver le traumatisme lié aux VSE. Si un professionnel de santé recommande un tel examen, il doit en expliquer les raisons à la femme enceinte, obtenir son consentement éclairé et en faire mention dans le dossier médical.

• Veillez à ce qu’un accompagnant et/ou une personne de soutien soit présente.

• Privilégiez un environnement calme, avec peu de bruit et d’activité à l’extérieur de la salle et veillez à protéger l’intimité de la femme enceinte.

• Rassurez-la : précisez-lui que l’examen pourra être interrompu à tout moment si elle le souhaite. Adaptez le déroulement à son rythme, restez attentif à d’éventuels signes de détresse et expliquez chaque geste.

• Proposez-lui de tenir ou d’introduire elle-même la sonde d’échographie afin de garder le contrôle.

Prise en charge pendant le travail

Les femmes VVSE peuvent ressentir une peur du travail et une impression de perte de contrôle. Les réactions liées au traumatisme peuvent se manifester par :

• Une dissociation pendant le travail et l’accouchement

• Une reviviscence des violences (flashbacks)

• Une passivité

• Des comportements de type infantiles

• Une peur de pousser

• Une colère ou agressivité excessive

• Un comportement visant à reprendre le contrôle

L’accouchement peut être particulièrement éprouvant pour certaines femmes. Le sentiment de perte de contrôle est souvent lié à différents facteurs : la péridurale, le contact avec différents professionnels de santé inconnus, la douleur, les examens intimes et le déroulement de l’accouchement, sur lequel elles disposent d’un contrôle limité. En appliquant les principes des soins obstétricaux respectueux et en assurant un suivi continu, il est possible de prévenir la réactivation du traumatisme chez les femmes pendant la grossesse, l’accouchement et les premières étapes de la parentalité. Les professionnels de santé doivent maintenir une approche individualisée et reconnaître que, pour certaines femmes, un accouchement par voie basse peut être impossible en raison d’un traumatisme lié à des VSE. Dans ce cas, une césarienne doit être envisagée si nécessaire. Les soignants présents doivent rester attentifs à la vulnérabilité de la femme enceinte qui peut être perçue comme menaçante par une femme ayant vécu des violences.

• Les réactions post-traumatiques liées au travail et à l’accouchement peuvent être amplifiées chez les femmes ayant des antécédents de violences sexuelles.

– Le non-respect du consentement pour des actes médicaux peut également déclencher des symptômes de stress post-traumatique.

• Les femmes VVSE peuvent craindre que les autres ne devinent, à travers d’éventuels dommages aux organes génitaux, ce qu’elles ont vécu.

– Cela peut provoquer chez elles des sentiments de honte et d’humiliation.

• Être nue en présence d’un professionnel de sexe masculin peut également accentuer la peur et le stress chez les femmes VVSE.

– Les professionnels de santé doivent tenir compte des besoins de la femme enceinte, comme l’accouchement en position verticale ou la possibilité de rester habillée.

• La douleur dans la région vulvo-vaginale ou la sensation de pression périnéale pendant la deuxième phase du travail peut déclencher des flashbacks ou d’autres souvenirs liés aux VSE.

– Même si la péridurale soulage la douleur chez la plupart des femmes, elle peut, pour certaines, faire ressurgir des souvenirs traumatiques pendant l’accouchement. La perte de sensation et le fait d’être alitée peuvent rappeler des expériences de paralysie physique et émotionnelle vécues lors de violences passées. Il est donc essentiel d’adopter une prise en charge individualisée, en tenant compte des expériences et des préférences de chaque femme, notamment concernant l’usage de la péridurale celles ayant des antécédents de VSE.

• Si l’accouchement a lieu à l’hôpital, le choix de la salle peut être important pour certaines femmes qui préfèrent garder la porte dans leur champ de vision.

• Les professionnels de santé doivent veiller à ce que l’environnement de l’accouchement soit calme et silencieux, la femmes enceinte pouvant être en état d’hypervigilance facilement intensifié par tout bruit ou agitation inutile.

– Chez certaines femmes, l’éclairage direct sur les organes génitaux peut également constituer un facteur déclencheur.

– Certaines femmes peuvent souhaiter donner le bain à leur bébé immédiatement après la naissance.

Soins post-partum

Chez les femmes VVSE, le passage à la maternité peut susciter des peurs et de l’anxiété, notamment concernant :

• L’allaitement et le contact peau à peau (susceptibles de raviver des souvenirs ou reviviscences des violences)

• La relation mère-enfant.

Après l’accouchement, certaines femmes peuvent présenter des symptômes de détresse, tels que stress post-traumatique, dépression ou dissociation. Si de tels signes apparaissent, il est important de proposer et d’encourager une évaluation ainsi qu’un accompagnement psychologique car ces troubles peuvent persister ou s’aggraver sans traitement approprié. Proposez à la femme enceinte un débriefing post-accouchement afin d’examiner l’impact de cette expérience sur son bien-être.

Allaitement

La plupart des femmes VVSE peuvent allaiter sans problème malgré ces souvenirs. Pour d’autres, le lien avec les violences peut être trop fort et elles peuvent préférer nourrir leur bébé au biberon. Leurs choix doivent toujours être respectés et soutenus.

Prise en charge adaptée

Le professionnel de santé doit privilégier une aide à l’allaitement « sans contact direct ». Des supports pédagogiques, comme des poupées, peuvent être utilisés pour l’enseignement sans avoir à toucher le sein de la femme enceinte. Si une intervention « avec contact » s’avère nécessaire, comme pour toute femme, il convient de demander son autorisation avant de toucher sa poitrine.

En cas d’inquiétudes concernant l’allaitement, discutez-en avec elle et trouvez des solutions adaptées. Rassurez-la sur le fait que ses ressentis sont légitimes.

Proposez des méthodes d’alimentation alternatives si nécessaire (par ex. lorsque la tétée déclenche des reviviscences traumatiques). Si la femme enceinte choisit l’alimentation artificielle, assurez-vous que ce que ce choix soit communiqué aux autres professionnels de santé pour qu’elle n’ait pas à le répéter.

Relation mère/enfant

Les femmes VVSE peuvent ressentir de l’anxiété ou des craintes concernant :

• Le sexe de leur bébé

• La peur de lui faire du mal

• La peur de l’aimer

• Le contact intime avec lui (par ex. le bain ou le change)

• Le risque de dépression post-partum ou de dépression en général

• La sécurité du bébé (inquiétudes excessives)

• La séparation d’avec leur bébé (si une garde en crèche est nécessaire)

• Le fait que leur bébé soit confié à des personnes inconnues et en qui elles n’ont pas confiance (si une garde en crèche est nécessaire).

Prise en charge adaptée

• Expliquez que les soins quotidiens apportés au bébé (par ex. le bain ou le change) répondent uniquement à ses besoins d’hygiène et ne sont en aucun cas liés à des violences sexuelles.

• Rassurez la femme enceinte en lui rappelant qu’elle n’est pas responsable de ses VSE et valorisez ses compétences maternelles.

• Informez-la sur le lien mère-enfant, explorez avec elle les moyens de le renforcer et encouragez-la dans cette démarche. Cet accompagnement est particulièrement important pour les femmes ayant vécu des VSI dans l’enfance.

• Expliquez-lui qu’il est normal de traverser une courte période de tristesse qui atteint généralement son maximum entre le troisième et le cinquième jour après l’accouchement.

• Proposez une discussion approfondie sur les bienfaits de l’allaitement pour elle et son bébé. Fournissez-lui toutes les informations nécessaires pour qu’elle puisse faire un choix éclairé tout en respectant sa décision d’alimenter son bébé artificiellement.

• Envisagez de suspendre ou d’adapter l’allaitement chez les femmes ayant vécu des traumatismes importants si la lactation risque de provoquer de la détresse.

• Expliquez-lui que certains souvenirs de violences sexuelles peuvent se réactiver lorsque l’enfant atteint l’âge qu’elle avait lors des faits.

• Faites preuve de compréhension et de bienveillance à l’égard des ressentis de la femme enceinte en gardant à l’esprit qu’ils sont liés aux conséquences des VSE.

• Se référer à Assessing Parent Infant Relationship PPG, disponible dans l’index A-to-Z sur www.sahealth.sa.gov.au/perinatal

Informations supplémentaires

Les professionnels de santé doivent prendre en compte les risques et la sécurité de la mère et de son enfant.

Les questions à poser :

• Son agresseur a-t-il été poursuivi en justice ?

• Fait-il toujours partie de sa vie ?

• Son bébé est-il exposé à un risque ?

Toute inquiétude concernant la sécurité de la femme ou de son bébé doit être évaluée au regard de sa situation. Si nécessaire, une prise en charge urgente doit être mise en place pour apporter un soutien renforcé.

Informations pour les professionnels de santé

Les professionnels de santé doivent être conscients que la détresse vécue par la femme enceinte peut également les affecter. Ils doivent veiller à ne pas la projeter sur elle.

Ils peuvent être confrontés à des épisodes de forte détresse chez la femme enceinte. Il est important de comprendre que ses émotions ne peuvent pas être “réparées” et qu’elles ne doivent ni être minimisées ni banalisées. Les professionnels doivent apporter soutien et réassurance et de permettre à la détresse de s’apaiser.

Il est recommandé de prévoir des temps de soutien et de débriefing avec les collègues et de reconnaître la charge émotionnelle que représente l’accompagnement d’une femme VVSE.

Les professionnels peuvent recourir à un accompagnement psychologique si nécessaire. En Australie-Méridionale, le SA Health Employee Assistance Program offre à tous les employés un soutien gratuit et confidentiel : SA Health Employee Assistance Program : SA Health

Service de santé mentale périnatale et infantile (PIMHS – Perinatal Infant Mental Health Service)

Les femmes VVSE devraient se voir proposer un accompagnement ainsi qu’un accès à une consultation spécialisée et à un suivi thérapeutique si nécessaire. Avec leur accord, il est important de les orienter vers les services les plus adaptés à leur situation afin d’assurer un accompagnement durable et de faciliter leur transition vers la parentalité.

En Australie-Méridionale, le PIMHS est présent dans plusieurs hôpitaux métropolitains (dont le Flinders Medical Centre, le Lyell McEwin Hospital et le Women’s and Children’s Hospital).

Structures d’accompagnement

En Australie-Méridionale, plusieurs structures spécialisées offrent un accompagnement aux personnes VVSE ainsi qu’à leurs proches. Elles proposent un soutien psychologique, des informations, une orientation et des formations adaptées aux besoins.

Ressources utiles

Guide COPE sur la santé mentale périnatale (COPE Perinatal Mental Health Guideline)

Guide destiné aux professionnels de santé pour l’accompagnement psychologique pendant la grossesse et le post-partum.

Références

Les recommandations de ce guide s’appuient sur des études et des rapports australiens récents portant sur la maltraitance infantile et le suivi périnatal. La liste complète des références est disponible dans la version originale du document.

Annexe 1 – Brochure d’information

Vivre sa grossesse après des violences sexuelles dans l’enfance (VSE)

Cette brochure a été élaborée par le Département de la santé et du bien-être d’Australie-Méridionale. Bien qu’elle s’adresse initialement aux femmes australiennes, son contenu peut être utile à toutes les personnes concernées.

Quand demander de l’aide

Si vous présentez l’un des symptômes suivants, parlez-en à votre sage-femme ou à votre médecin traitant :

• Flashbacks (reviviscences)

• Pleurs fréquents

• Cauchemars

• Accélération du rythme cardiaque

• Mains moites

• Tension ou nervosité

• Sursauts ou hypervigilance

• Peur d’être seule

• Pensées d’automutilation

Ils peuvent vous orienter vers un accompagnement adapté à votre situation.

Violences sexuelles commises sur les enfants

Les violences sexuelles commises sur les enfants concernent jusqu’à un enfant sur cinq. Elles peuvent être physiques, émotionnelles ou psychologiques.

Les survivantes peuvent ressentir différentes émotions, parmi lesquelles :

• La honte

• L’humiliation

• L’impuissance

• La perte de contrôle

• Le sentiment d’être « abîmée » ou « brisée »

• La peur ou la terreur

• La colère et le désespoir

Pendant la grossesse, l’accouchement et après la naissance de votre bébé

Au cours de la grossesse, de l’accouchement ou après la naissance de votre bébé, certaines émotions négatives liées aux VSE peuvent être déclenchées ou revécues. Cela peut être très difficile et traumatisant pour certaines femmes.

Choix de suivi et accompagnement

Être suivie par le même professionnel de santé tout au long de votre grossesse peut vous aider à créer une relation de confiance avec votre médecin ou votre sage-femme. Le fait de bénéficier du soutien d’une personne qui vous connaît peut vous permettre de gérer votre expérience comme vous le souhaitez. Vous pourriez vous sentir plus à l’aise d’exprimer vos ressentis à votre médecin ou votre sage-femme.

Vous pouvez également demander à être suivie par une professionnelle femme si cela vous rassure.

Conseils pour mieux vivre vos rendez-vous médicaux

Les survivantes de VSE peuvent utiliser différentes méthodes pour mieux vivre la grossesse, l’accouchement et le post-partum.

Vous pouvez, par exemple, demander à être accompagnée par votre partenaire, un ami ou un membre de votre famille de confiance lors de vos rendez-vous pour vous sentir plus à l’aise.

Vous avez le droit de refuser toute intervention proposée par le personnel médical ou les sages- femmes. Vous pouvez également demander plus de temps pour réfléchir aux recommandations qui vous sont faites.

Certaines femmes peuvent ressentir une peur intense à l’idée de subir certaines interventions comme un examen vaginal ou une palpation des seins.

Pendant la grossesse et l’accouchement, des examens vaginaux peuvent être recommandés. Ils permettent d’assurer le suivi de votre santé et de celle de votre bébé et de planifier vos soins. Tous ces examens médicaux sont volontaires et vous pouvez revenir sur votre décision à tout moment. Votre professionnel de santé pourra répondre à toutes vos questions.

Vous pouvez également demander qu’un ami ou un membre de votre famille soit présent pour vous soutenir si vous acceptez l’examen.

Travail et accouchement

Le travail et l’accouchement peuvent être particulièrement éprouvants pour les femmes VVSE. Ils peuvent provoquer des sentiments de vulnérabilité et de perte de contrôle. Cela peut être lié à la présence de plusieurs professionnels de santé inconnus, à la douleur et aux examens parfois intrusifs. Être exposée ou prise en charge par un professionnel que vous ne connaissez pas peut également renforcer la peur et le stress.

Si vous vous sentez à l’aise, parlez de vos ressentis à votre médecin ou à votre sage-femme. Ils pourront adapter leur accompagnement afin de rendre cette expérience plus confortable.

Après l’accouchement

Vous pouvez ressentir de la peur ou de l’anxiété concernant l’allaitement ou votre relation avec votre bébé. N’hésitez pas à en parler à votre médecin ou à votre sage-femme si vous vous sentez à l’aise.

Il est normal de traverser quelques jours de tristesse après l’accouchement mais si ces symptômes s’intensifient ou persistent, il est important de demander de l’aide.

Sources

Traduction de courtoisie du guide officiel de SA Health, traduction libre et adaptée par Loriane Faure

Partagez !

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *